Summarize this content to 2000 words in 6 paragraphs in english A un mois du scrutin, le thème de la probité émerge dans la campagne pour les élections européennes qui auront lieu du 6 au 9 juin. La tête de liste de La France insoumise (LFI), Manon Aubry, a déclenché une vive polémique en attaquant sur ce terrain ses principaux adversaires, y compris de gauche. Le 3 mai, sur le réseau social X, l’eurodéputée sortante a accusé plusieurs de ses rivaux de s’en mettre « plein les poches » en étant « payés par des lobbys, des entreprises ou des gouvernements en plus de leur indemnité d’élu ». Une affirmation qui a mis le feu aux poudres à gauche, le patron du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, dénonçant des « fake news » distillées avec la « méthode de tous les ripoux comme Trump ». Pourquoi c’est trompeur A l’appui de son accusation, Mme Aubry a publié un visuel compilant une série de chiffres censés refléter les revenus annexes de certaines personnalités du Parlement européen. Ceux-ci proviennent des déclarations d’intérêts dans lesquelles les eurodéputés consignent les activités parallèles à leur mandat, avec les éventuelles rémunérations associées. Ces informations, que les élus ont l’obligation de publier à échéance régulière sur le site du Parlement européen, sont compilées et agrégées par l’organisation non gouvernementale Transparency International sur le site integritywatch.eu. Des chiffres imprécis, désormais actualisés Jusqu’à récemment, les niveaux de revenus des activités annexes des eurodéputés étaient déclarés avec des fourchettes larges (par exemple, de 1 000 à 5 000 euros par mois, ou de 5 001 à 10 000 euros) plutôt qu’avec des montants précis, ce qui explique que Manon Aubry ait utilisé ces intervalles dans son message. Depuis la publication de son message sur X, Transparency International a actualisé sa base de données, qui s’appuie désormais sur des données plus fines déclarées par les eurodéputés depuis la fin de 2023. Elle permet de connaître plus précisément le niveau des revenus annexes des eurodéputés français cités par Mme Aubry : Valérie Hayer (Renew Europe) n’a actuellement aucune activité annexe rémunérée ;Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique) déclare une moyenne de 4 000 euros mensuels provenant de ses droits d’auteur chez l’éditeur Allary ;François-Xavier Bellamy (Les Républicains) déclare 36 328 euros de droits d’auteur provenant de son éditeur Grasset entre son élection et la fin de 2023, soit une moyenne de 670 euros par mois ;Jérôme Rivière (non inscrit) déclare une moyenne de 18 000 euros mensuels, provenant de sociétés actives notamment dans le domaine de l’énergie. Voir plus Voir moins Les montants sont exacts, mais leur présentation est toutefois trompeuse pour certains élus. En effet, le message de Mme Aubry laisse entendre que l’ensemble de ces revenus proviennent de missions réalisées pour le compte de lobbys ou d’entreprises privées en parallèle de leur mandat d’eurodéputé. Or ce n’est pas le cas de Raphaël Glucksmann (tête de liste Parti socialiste-Place publique) ou de François-Xavier Bellamy (tête de liste des Républicains), dont les revenus proviennent quasi exclusivement de droits d’auteur pour des livres. Quant à Valérie Hayer (tête de liste Ensemble, présidente du groupe Renew Europe), sa rémunération complémentaire provenait de son mandat de conseillère départementale, jusqu’en 2021. Le message de la tête de liste « insoumise » vise juste pour Jérôme Rivière, un eurodéputé sans étiquette passé par le Rassemblement national (2015-2022) et Reconquête (2022-2023), qui tire d’importants revenus de sociétés auxquelles il est lié, actives notamment dans le domaine de l’énergie. Ou pour les exemples étrangers comme l’élue de droite allemande Angelika Niebler, rémunérée 4 500 euros par mois par le cabinet d’avocats international Gibson, Dunn & Crutcher LLP en parallèle de son mandat. Sollicitée par Le Monde, Mme Aubry reconnaît que « toutes les rémunérations annexes ne se valent pas », tout en expliquant que leur montant pose « un problème plus global de déconnexion avec les difficultés financières du quotidien des Européens ». « J’ai voulu mettre un coup de pied dans la fourmilière en posant le problème général des rémunérations annexes, et tant mieux si cela aboutit à ce que la question soit abordée dans la campagne », assume l’élue. Une mesure refusée de Renaissance au RN En parallèle de son message accusateur, Mme Aubry a en effet publié une tribune au ton plus modéré dans Libération, appelant à interdire les activités annexes rémunérées susceptibles de générer des conflits d’intérêts, dans le but de réduire la perméabilité des élus européens aux lobbys – ce qui n’inclut ni les droits d’auteur ni les indemnités d’élus. Dans un autre message sur X, elle rappelle que cette proposition, qu’elle soutient depuis plusieurs années, a été rejetée par une bonne partie de ses collègues eurodéputés français. En effet, d’après les comptes rendus de votes, seules les délégations « insoumise » et socialiste ont approuvé unanimement la mesure lors des divers scrutins organisés sur le sujet au Parlement européen au cours des deux dernières années. Le groupe écologiste l’a également largement soutenu – à l’exception de l’agriculteur Benoît Biteau, qui s’y est brièvement opposé avant de s’y rallier, et invoque aujourd’hui auprès du Monde une « erreur de vote ». A l’inverse, du côté de la droite et de l’extrême droite, les élus Les Républicains, Rassemblement national et Reconquête ! ont largement refusé cette proposition. Dans la délégation macroniste, une poignée d’eurodéputés – dont la tête de liste, Valérie Hayer – ont d’abord soutenu l’idée, avant de voter contre en bloc, lors du scrutin final du 25 avril, contribuant à la torpiller définitivement. Pendant la campagne de 2019, les candidats Renaissance s’étaient pourtant engagés à interdire « toute activité rémunérée incompatible avec l’intérêt général ». Sollicité, le groupe macroniste explique que la mesure n’avait pas sa place dans ce texte sur l’organe éthique. Mais selon le média d’enquête La Lettre, ses responsables ont surtout considéré que cette proposition « irait trop loin et empêcherait les eurodéputés de garder un pied dans le monde professionnel ». Mme Aubry assure au Monde que si elle est réélue, elle soumettra de nouveau la proposition au Parlement. Maxime Vaudano Réutiliser ce contenu

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